Témoins
Témoins
Essai d'analyse et de critique des souvenirs de combattants édités en français de 1915 à 1928



Date de parution : 2015 [1re éd. 1929]
ISBN : 978-2-84830-198-3
16 x 24 cm
dos carré collé
12-VI-730 pages

59,90 €


En août 1929 paraît, en France, un lourd pavé de plus de 700 pages qui ne se propose rien moins que de passer au crible de la véracité 251 témoignages écrits relatifs à la Grande Guerre. Son auteur, Jean Norton Cru, est un illustre inconnu dont aucun grand éditeur parisien n’a pris le risque de cautionner l’entreprise. Il prendra donc à sa charge l’impression de son ouvrage. Une version abrégée paraîtra néanmoins en 1930 aux Éditions Gallimard, sous le titre Du témoignage.
Norton Cru (1879-1949) est né dans un petit village de l’Ardèche, Labatie d’Andaure, d’un père pasteur de l’Église Réformée et d’une mère anglaise, elle-même issue d’une Église protestante congrégationaliste de Winchester. C’est au patronyme de sa mère qu’il empruntera son second prénom. L’aîné de six enfants va connaître une enfance peu ordinaire, marquée par le séjour de la famille dans l’île de Maré dans l’archipel des îles Loyauté, à l’est de la Nouvelle Calédonie, où son père est nommé pasteur et où le jeune Norton Cru va partager la vie primitive des petits Canaques pendant sept ans. De retour en France, il est interne au lycée de Tournon. Il y obtiendra son baccalauréat à l’âge de 20 ans. L’« Affaire Dreyfus », qui secoue alors la France depuis 1894, est de toutes les conversations, aussi bien chez les élèves que chez les professeurs. Elle va marquer profondément et durablement le jeune lycéen, comme beaucoup de sa génération.
N. Cru va se marier, occuper différents emplois d’enseignant, avant, sur les conseils de son frère Robert, d’intégrer un poste d’assistant de français au Williams College, dans le Massachusetts. C’est là que se déroulera toute sa carrière de professeur de littérature française. C’est là aussi qu’il écrira Témoins.
Mobilisé en 1914, il rejoint la France où il est affecté au 250e Régiment d’infanterie. C’est dire combien il se trouve en première ligne et combien, pendant deux ans, rien ne lui échappera des combats et de la vie quotidienne dans les tranchées. Devenu caporal, il terminera le conflit comme sous-officier affecté à des missions de liaison et d’interprétariat auprès des troupes alliées.
La réception de Témoins – monument d’érudition et de rigueur, jamais égalé –, a suscité autant d’intérêt qu’il a donné lieu à des polémiques, parfois violentes et injustes, absurdes même, jusqu’à une date récente. Pourtant ce que revendique Norton Cru et que, de fait, son livre inaugure, ce n’est rien d’autre que la reconnaissance du témoignage, de ce vécu des soldats qui ont la vie et la mort en partage, comme source pour les historiens professionnels. Bref, en d’autres termes, que ces derniers ne réduisent point les guerres aux guerres de généraux.