Alfred Binet est né à Nice le 8 juillet 1857, trois ans avant le rattachement du Comté niçois à la France, d’un père médecin et d’une mère artiste peintre. Après des études primaires à la pension Nache il poursuit ses études secondaires au lycée de Nice, aujourd’hui lycée Massena. Élevé par sa mère, dont il héritera son goût pour l’art, il s’installe avec elle à Paris en 1869 où il termine ses études secondaires au lycée Louis-le-Grand. Après le baccalauréat, il obtient sa licence en droit (1878) et commence des études de médecine qu’il ne termine pas. En 1884, il se marie avec Laure Balbiani (1857-1922), la fille de E.G. Balbiani (1825-1899), professeur d’embryologie au Collège de France. Deux filles sont nées de cette union : Madeleine (1885-1961) et Alice (1887-1938). Une fortune modeste et son goût pour la vie paisible permirent à Binet de mener une existence tout entière consacrée à la recherche. C’est ce qui explique la somme énorme de travail qu’il a fournie ; sa production scientifique est, quantitativement, après celle de l’allemand Wilhelm Wundt, une des plus importantes jamais réalisée dans le champ de la psychologie.
L’œuvre d’A. Binet rassemble des travaux très différents que d’aucuns disent sans apparente ligne directrice. L’auteur n’apparaît pas toujours comme un pionnier de la psychologie ou comme celui de la psychologie cognitive que les historiens préfèrent plutôt référer à Helmoltz. Dans la généalogie de la psychologie française, A. Binet, personnalité multiple, est encore présenté comme un dilettante marginal, un épigone non désillusionné de J.-M. Charcot et comme un atypique ayant eu trois carrières opportunistes sans cohérence interne ni projet synthétique. Les différents hommages à Alfred Binet soulignent la variété des modèles traversés par l’auteur qui rendrait impossible une synthèse. La recomposition des archives Binet et la publication de ses Œuvres complètes restaient donc à entreprendre.