Pierre Corneille. Le héros et le roi
Pierre Corneille. Le héros et le roi
Stratégies d'héroïsation dans le théâtre cornélien



Date de parution : 2010
ISBN : 978-2-84830-141-9
16 x 24 cm
dos carré collé
604 pages

93 €


Ce livre veut montrer comment, en reconsidérant le théâtre de la violence tyrannique issu du XVIe siècle et le théâtre amoureux de la douceur pastorale, Corneille donne naissance à la figure du Héros qui fait l’originalité de son théâtre. Dans le cadre d’une dramaturgie dynamique à tendance épique, qui ouvre volontiers ses dénouements sur l’avenir historique, Corneille invente, pour la comédie puis pour la tragédie, un théâtre « politique », porteur d’un modèle de société qui lui sert de canevas et qui, sans être polémique ni « engagé » au sens moderne issu des lumières, agit de façon performative sur son public. D’où sa réputation (que soutient, tout en faisant masque, son magnifique génie rhétorique). Chez lui, la machine de l’État bien conçu ajuste l’un à l’autre un Héros coupable mais conquérant et un Prince libéré de ses passions, qui sait le mettre à son service par la promesse de son amnistie et d’un amour récompensé.
Tel est, pour l’auteur du livre, le principe politique de la dramaturgie cornélienne, qui donne sens aux catastrophes tragiques de Médée répudiée ou de Suréna assassiné, comme aux dénouements heureux du Cid, d’Horace, de Cinna ou d’Agésilas.
De la Querelle du Cid sur l’immoralité de son dénouement à la petite polémique sur le « sens » de Suréna, dans les années 1990, la reconnaissance de sa pertinence structurelle ne semble cependant pas s’imposer aux « doctes ». Est-ce parce qu’il ne relève pas du pur formalisme technique mais d’un imaginaire, sur lequel l’auteur normand ne s’explique guère ?
Quoi qu’il en soit, l’univers cornélien exhibe dès les comédies ce lien héroïque négocié entre passions amoureuses et réalisme social, tandis que la suite des tragédies de la gémellité (Rodogune, Héraclius, Nicomède, Pertharite, etc.) propose, sur les bases du dédoublement des caractères politiques entre le Héros et le Roi, une version originale du théâtre de l’identité, différente de celle d’un Rotrou ou d’un Thomas Corneille. La carrière louis-quatorzienne du dramaturge reste également, en dépit d’un nouvel air du temps, profondément fidèle à cette problématique.